Fr. Augustin-Marie du Très Saint Sacrement — Qui es-tu ?

 Hermann Cohen

1821 – 1871

  Premières années

 

Hermann Cohen naît le 10 novembre 1821 à Hambourg, dans une famille juive. Son père, David-Abraham, est un riche banquier ; sa mère, Rosalie Benjamin, une femme raffinée et douée d’un sens artistique. Le talent musical d’Hermann est  remarquable.

À Paris, à l’époque du romantisme

Rosalie fonde de grands espoirs pour son fils et, le 5 juillet 1834, elle l’amène à Paris. Elle choisit comme professeur Liszt, qui est un musicien accompli, mais un piètre éducateur. Liszt, ébloui par le talent d'Hermann, le promène de salon en salon où il donne plusieurs concerts.

Premier contact avec l’Église catholique, émotion religieuse

Un arrêt à la cathédrale de Fribourg remplit le jeune Israélite d'émotions semblables à celles qu'il éprouvait dans son enfance en écoutant de l’orgue.

Le jeu, dans la débauche

À cette époque Hermann prend goût au jeu, vivant dans l'angoisse et le désarroi durant onze années. Incapable de se reprendre, il fuit, et se fuit lui-même, en s'enfonçant dans une existence misérable que plus rien ne satisfait, au point de cesser toute activité musicale.

 

  Le temps de sa conversion

Le tournant

Un service rendu à un ami est l'occasion de sa conversion foudroyante : » Un vendredi du mois de mai 1847, Monsieur le Prince de la Moskowa me fit prier de bien vouloir le remplacer dans la direction d'un chœur dans l’église de Saint-Valère... Au moment de la bénédiction, j’éprouvais pour la première fois une émotion très vive mais indéfinissable... comme des remords de prendre part à cette bénédiction dans laquelle je n’avais aucun droit à être compris... Le vendredi suivant, la même émotion m'éprouva plus fortement encore qui, descendant sur tout mon corps, me força à m'incliner et même à me courber vers la terre malgré moi...»

Hermann retourne à cette église de la rue de Grenelle le vendredi suivant et voilà que naît « l’idée subite de [se] faire catholique ». Puis, quelque temps après, il assiste à plusieurs messes. Le soir, il est «  involontairement ramené vers le même lieu  ».

Conversion

Hermann goûte un bonheur sans nom. Maintenant, il adhère à la foi catholique et il est prêt à faire fructifier toutes les qualités qui dorment en lui depuis tant d'années. Son projet d'existence, qui consiste en la «  ferme résolution » d'aimer Dieu « par-dessus tout » et de se convertir à lui désormais, il le maintiendra jusqu'au bout, quels que soient les obstacles. Un extraordinaire changement s'opère dans son âme, si bien qu'il peut affirmer en toute vérité : «  Les prières du matin, l'oraison, la messe, les vêpres et saluts à l’église, les abstinences, la chasteté, j'observai tout avec facilité et empressement ».  Il voudrait s'approcher de la Table sainte, mais il ne peut pas encore recevoir ce Jésus qu'il adore dans le Très Saint Sacrement.

Cheminement chrétien

Son baptême est fixé par le père Théodore Ratisbonne, dans la chapelle de Notre Dame de Sion, au 28 août, le jour de la fête de saint Augustin. Hermann prend Jésus comme ami intime. Le 8 septembre, fête de la Nativité de Marie, il peut enfin s'approcher de la Table sainte et goûter en lui de manière plus parfaite l’inhabitation divine.

Désir de se consacrer à Dieu

D'abord, il songe à « fonder un couvent sur une hauteur près de Paris pour les jeunes gens las de la vie du monde qui se seraient livrés à la prière perpétuelle ». Hermann accorde désormais sa vie à sa croyance. Il aimerait se retirer dans la solitude et y prier, mais il lui faut acquitter ses dettes de jeu et celles qu'il a contractées au cours des ans.

Conversion de coreligionnaires

C'est vers ses anciens coreligionnaires qu'il se tourne aux premiers jours de sa conversion. Dieu écoutera ses prières et tiendra compte de ses désirs, si bien que beaucoup d'enfants d'Israël se convertiront grâce à ses efforts et à ses prières.

Il aura le bonheur de convertir lui-même sa sœur, son frère et un neveu. Néanmoins, sa mère ne renonce pas au judaïsme. Après sa mort, Hermann consulte le Curé d'Ars qui le réconforte : « Espérez, lui répond l’homme de Dieu, vous recevrez un jour, en la fête de l'Immaculée Conception, une lettre qui vous apportera de grandes consolations ».

Conférence de Saint-Vincent-de-Paul

Le 22 octobre 1847, Hermann revient enthousiaste de sa première réunion à la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul. Après deux années au sein de ce groupe, il passe à l’engagement.

Au contact de Jésus-Hostie, l'adoration nocturne

Le cœur d'Hermann se transforme de plus en plus au contact de Jésus-Hostie. Des hommes de prière et d'action, qu'il côtoie régulièrement à la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul et au Tiers-Ordre dominicain, partagent ses propres valeurs. Hermann compose de la musique qui rehausse les cérémonies eucharistiques.

Enfin libre

Il entreprend une retraite où il découvre Jean de la Croix et Thérèse d'Avila. Il n'a jamais vu un Carme, bien qu’il porte le scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel depuis son baptême. Voilà qu'en sortant de la retraite, dans une rue de Paris, il rencontre l’un des rares Carmes de France, qui venait d'Agen.

 

  Au Carmel

Le 16 juillet 1850 Hermann monte dans le train à la gare de Lyon en direction d'Agen. Après une seconde retraite commencée le 31 juillet, il demande humblement son entrée chez les Carmes déchaux. Durant les quinze jours qu'il venait de passer avec eux, il avait compris que cette vie de contemplatif et de travail sous le regard de la Vierge Marie ne pouvait que le conduire au Bonheur.

Appel à Rome

Les règlements interdisent l'admission au Carmel d'un nouveau converti du judaïsme. On fait appel à Rome. Après plusieurs semaines, Hermann reçoit une réponse négative à sa demande de dispense. Il quitte immédiatement le couvent du Broussey. La Providence, qui guide de façon magistrale cet enfant d’Israël déterminé à rencontrer le Pape s'il le faut, lui réserve une nouvelle surprise.

Rencontre avec les supérieurs de l’Ordre

En effet, les supérieurs de l’Ordre se sont réunis, avec un certain retard à cause des conjonctures politiques. On reçoit immédiatement le jeune homme, mû d'une ardeur peu commune pour travailler à la cause de Dieu. Le lendemain, jour de la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix, le Conseil général l’accepte à l’unanimité. Désormais confirmé dans sa vocation érémitique, Hermann marchera avec plus de sûreté sur les traces du prophète Élie.

Noviciat

Hermann retrouve Dieu dans la solitude du Carmel. Il accepte tout avec générosité, mais lui seul dans la communauté connaît les luttes quotidiennes qu'il doit livrer contre ses goûts naturels.

Vie commune et difficultés : les études théologiques

Le contraste entre ce musicien allemand et des aristocrates espagnols et français, qui avaient reçu une éducation soignée et à peu près sans faille, est considérable. Ceux-ci, au plan de l’instruction religieuse, bénéficient d'une importante avance sur le nouveau converti. À défaut de connaissances religieuses apprises dans les livres, Hermann a longuement et intensément contemplé Jésus ces derniers mois. Il vit sans cesse comme s'il était devant l’hostie. Le futur prêtre doit entreprendre sa théologie. Bien volontiers, il se soumet à une nouvelle ascèse et sublimise ainsi ses efforts : « Qui m'empêche, écrit-il, d'offrir toutes mes études à Jésus comme un hommage d'adoration à son Saint Sacrement ? Ne puis-je apprendre par amour, lire par amour ? discuter, philosopher et argumenter par amour ? ». Le Frère Augustin-Marie du Très-Saint-Sacrement, après toutes ces nécessaires épreuves, reçoit le sacerdoce le samedi saint 1851 et célèbre sa première messe le dimanche de Pâques.

Prédication et adoration perpétuelle pour tous

L'homme d'oraison communique avec une telle ferveur la parole de Dieu qu'il opère des conversions. Ses sermons sont suivis de longues séances au confessionnal. On court vers lui quand il arrive dans un endroit. Le Carme est digne des grands prédicateurs de son époque. Il vit ce qu'il prêche. Il revoit le Père Julien Eymard, ce «  fervent de l'Eucharistie », qui lui confie son projet de former une adoration perpétuelle pour tous.

Fondations
C'est la période où l’on restaure les couvents en France. Le Père Hermann est tout désigné pour la fondation de couvents et la reconstitution d'anciennes demeures. C'est lui qui doit trouver les fonds nécessaires à leur renaissance. Il prie saint Joseph et, miraculeusement, souvent lors de ses prédications, on lui apporte l'argent dont il a besoin. Ce fils de banquier quête aussi pour les pauvres. Le misérable édifice de Lyon est rénové, avec, comme prieur, le Père Hermann. Le Cardinal Wiseman, qui le désire pour la restauration du Carmel en Angleterre, s'adresse directement à Pie IX après avoir essuyé un refus du Supérieur général. Obéissant au Pape, sa communauté l’envoie à Londres.

Homme international

Grâce au père Hermann, le Carmel de Pologne a lui aussi un réformateur en la personne du Père Raphaël - qui sera un jour canonisé. Celui qui pensait ne pas avoir une vocation de prêcheur poursuit sa mission de proclamer le Kérygme.

Lourdes et le Saint-Désert

Le père Hermann accomplit toutes ses tâches avec une ferveur peu commune. Il altère sa santé. En 1858, au moment des apparitions, il supplie la Vierge de Lourdes de le guérir d'un glaucome. Ses yeux guérissent. Un deuxième miracle s'accomplira dix ans plus tard et sera consigné dans les Annales de Lourdes. Lors de son premier pèlerinage, il s’était entretenu longuement avec Bernadette. Son amour de Marie l’avait conduit à La Salette où Maximin lui parle en toute confiance de Celle qu'il a contemplée. Au plus profond de lui-même, Hermann est attiré par la présence de la Vierge et par les lieux bénis par sa présence. Il ne cherche le repos que pour trouver Dieu. En 1868, il peut enfin vivre, dans la solitude de Tarasteix, le silence quasi absolu, l'abstinence totale, la prière. Il passe environ deux ans au Désert Saint-Élie. Atteignant un haut degré de contemplation, il y reçoit des grâces analogues à celles d'un Jean de la Croix et d'une Thérèse d'Avila.

Définiteur, maître des novices

En mai 1870, le Père Hermann est nommé définiteur provincial, puis maître des novices au Broussey.

 

  Dernières années

La guerre

La guerre éclate. Des Carmes sont maltraités, des couvents envahis par l'ennemi et pillés. En France, on déteste tout ce qui est allemand. Pour épargner sa communauté, l'homme, hier si ovationné dans son pays d'adoption, décide de partir sur les routes. On pourchasse de ville en ville le Juif allemand, moine catholique. Il est conspué, maltraité, et faillit être assassiné. Il échappe aux agresseurs et poursuit son chemin vers le Calvaire. Monseigneur Mermillod l’accueille comme un fils bien aimé. Il enseigne la catéchèse et console les réfugiés français dans la ville de Montreux quand il apprend qu'en Allemagne on a besoin de prêtres au service des prisonniers.

Un choix : en Allemagne au service des prisonniers

Lui parviennent, dans le même temps, l'autorisation de demeurer à vie au Saint-Désert et la permission d'aller vers les prisonniers. Son choix va vers eux. Il part pour Berlin le 24 novembre, jour, à cette époque, de la fête de saint Jean de la Croix. Les Français comprennent qu'il souffre comme eux, car il est devenu un des leurs. Attentif à leur infortune, il les exhorte à la patience, à l'offrande de leurs peines. Il soulage leurs blessures morales en célébrant pour eux le saint Sacrifice de la Messe. Nombreux sont les catholiques qui se présentent à la cure pour recevoir le pardon de Dieu et l'Eucharistie. Il s'occupe aussi de leur corps, car on manque de tout et c'est le rude hiver prussien. Aussi le père trouve-t-il le moyen de procurer aux déportés des vêtements et les choses indispensables à leur survie. Cinq mille prisonniers de guerre entassés à Spandau, dont cinq cents sont atteints du typhus et de la dysenterie, attendent le secours de leur aumônier, leur seul espoir. Peu après, Hermann est atteint de la petite vérole parce qu'il a administré deux soldats sans utiliser la spatule prévue afin d'éviter la contagion. Maintenant, il sait bien qu'il lui reste très peu de temps avant d'aller vers sa vraie patrie. Ses dernières forces, il les utilise, grâce à son sens pratique, à diriger de son lit les opérations de secours pour ses chers prisonniers. Il souffre dans tout son être. La fièvre le ronge. Mais il est encore plus éprouvé dans son esprit. Les souffrances quotidiennes de ces soldats, privés des leurs et soumis à toutes les privations, l’assiègent.

Décès

Le 20 janvier 1871, il exprime à une religieuse le désir de chanter le Salve Regina. Les sons s'affaiblissent progressivement puis s’éteignent à jamais… son âme a quitté la terre. Le corps du Père Augustin-Marie a reposé dans les caveaux de la cathédrale Sainte-Hedwige à Berlin.

Conclusion

Outre un héritage musical et doctrinal, le Père Augustin-Marie du Très-Saint-Sacrement a laissé à l’univers catholique des Carmels réformés et des associations pieuses. Mais, avant tout, n’est-ce pas sa vie d'union à Dieu et sa pratique du désert qui amènent ce prêtre au «  cœur de feu » à de longues heures au confessionnal, à d'épuisantes prédications, à des quêtes pour les pauvres, à un dévouement inlassable et au don de sa vie pour les pestiférés qui feront de lui un apôtre total ? Le fils d’Israël et musicien désœuvré devenu Carme déchaux est mort en tenue de service parce qu'il a cru en Jésus mort et ressuscité pour tous.

 

  Prière pour sa béatification

Ô Marie, Vierge Immaculée, qui avez guéri miraculeusement à la grotte de Lourdes le Père Augustin-Marie du Très-Saint-Sacrement pour qu’il vous serve parfaitement dans votre Ordre du Carmel, obtenez-nous de la Bienheureuse Trinité la grâce de... par l’intercession et les mérites de votre fidèle chevalier « qui ne connut rien de plus délicieux que de souffrir pour Jésus » et qui fut exaucé dans son ardente prière « de ne pas passer un instant de sa vie sans souffrir quelque chose pour son bon plaisir, pour son service et pour sa gloire ».

Ô Marie, « Mère de l’Eucharistie », obtenez-nous la glorification de ce grand converti de l’Hostie rédemptrice. Daignez mettre en lumière cet apôtre embrasé du Sacrement d’Amour de votre Fils Jésus afin qu’il communique à tous, prêtres et fidèles, son zèle brûlant pour l’adoration de la divine Présence au Tabernacle, la célébration digne et vécue du Sacrifice de la Messe, et la Sainte Communion fervente et fréquente. 

Hâtez ainsi sur toute la terre, tout spécialement sur votre peuple d’Israël, le triomphe de la royauté eucharistique du fils de David, le Pain vivant descendu du Ciel en votre Sein Virginal. Amen.

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