Bse Marie de l’Incarnation — Qui es-tu ?

 Madame Acarie

1566 – 1618

  Sa Vie

Barbe Avrillot naît à Paris le 1er février 1566. Son père, Nicolas Avrillot, était chancelier de la reine Marguerite de Navarre et financier de la Chambre de Paris. Sa mère, Marie Luillier, était elle aussi issue d’une bonne famille parisienne. Elle semble toutefois avoir été une femme plutôt rude, parfois même violente. La famille était très catholique, très royaliste et très riche. Étant enfant, elle reçoit toutefois une bonne éducation chrétienne et une solide instruction. A 11 ans, elle est placée à l’Abbaye de Longchamps, avec sa tante religieuse, pour y poursuivre ses études. En classe, elle se montre d’une intelligence vive et gaie. Mais comme Barbe commence à ressentir l’attrait pour la vie monastique, sa mère la retire de Longchamps. Marie Luillier est déterminée à ce que son unique enfant se marie, qu’elle le veuille ou non.

Le 24 août 1582, à 16 ans et demie, Barbe épouse Pierre Acarie, honnête homme riche et pieux, mais au caractère impétueux, intimidant, indolant, taquin, passant du gros rire à la colère avec une rapidité déconcertante.

Barbe devient connue et estimée dans la société parisienne en dépit des infortunes de son mari. Elle donne naissance à 3 garçons et 3 filles et les élève avec beaucoup de soin, de tendresse et de fermeté. Elle est une femme très avisée et ordonnée à la tête de sa grande maisonnée et gère ses biens avec sagesse. Ceci s’avère précieux au moment où sa famille traverse des moments difficiles lorsque son mari et son père partent tous deux en exil.

Jeune, elle avait pris plaisir à la lecture des romans. Son mari la découvrant absorbée dans une telle lecture s’en irrite et lui apporte une pile de livres pieux. Une phrase de l’un de ces livres : « Trop avare est la personne pour qui Dieu ne suffit pas » lui retourne le cœur et a l’effet d’un coup de foudre. L’effet la transforme et est durable. C’est le début d’une emprise divine extraordinaire.

Vers 1588 (Barbe a 22 ans et a déjà mis au monde 3 enfants), elle a la première de ses extases.  Les extases se multiplient et sont généralement accompagnées de souffrances aigues et, par la suite, de stigmates cachées. Elle n’y comprend rien et souffre un martyr intérieur jusqu’à ce qu’elle trouve enfin des guides éclairés. En 1592, le capucin Benoît de Canfeld et le chartreux Richard Beaucousin  la rassurent : cette action vient de Dieu! Pendant cette période déroutante de sa vie elle donne naissance à  3 autres enfants. Barbe peut tomber en extase à tout moment et il semble que ses enfants y deviennent parfaitement habitués! Mais c’est en vain qu’elle essaie d’empêcher ces phénomènes mystiques.

En même temps que Barbe fait l’expérience de Dieu d’une manière nouvelle, elle élève sa famille, veille sur le patrimoine et a de multiples obligations sociales. Femme d’influence dans un milieu en vue, appartenant à la haute société parisienne par sa naissance, ses alliances, sa fortune; elle est tenue en haute estime dans les cercles du pouvoir, à la Cour, et jusque par les souverains, grâce à son seul rayonnement humain et spirituel. Secourable à toutes les détresses, on vient la consulter de toute part, attiré par sa prudence et ses lumières surnaturelles. Madame Acarie, après avoir donné son temps à Dieu et aux siens, en trouve encore pour soigner dans les hôpitaux les blessés et les malades pauvres, assister les mourants, aider beaucoup de femmes en difficulté, particulièrement les prostituées, donner du travail aux chômeurs en temps de famine, être d’une grande sollicitude envers son personnel, aider de ses biens les ecclésiastiques et les églises pauvres, faisant preuve ainsi d’un rare talent d’organisation et d’efficacité !

De plus en plus la maison Acarie devient le lieu de réunion de discussions sur la vie spirituelle. Religieux et laïcs s’y rencontrent. Barbe a aussi une influence considérable sur certaines communautés religieuses et se trouve impliquée dans la réforme de certaines de ces communautés.

En 1601, « la Belle Acarie » comme on la surnomme souvent, se fait lire (sans grand enthousiasme) les œuvres de Thérèse d’Avila (1515-1582) : Vie de la Mère Thérèse, fondatrice, Traité du Château ou les Demeures de l’âme et le Chemin de la Perfection. Au début de 1602, François de Sales fait sa connaissance, à Paris. Sept mois durant, leurs rencontres sont nombreuses. Il en naît une amitié spirituelle qui, fait remarquable, s’étend aux six enfants de Madame Acarie.

À la suite de deux apparitions de Thérèse d’Avila durant les années 1601 et 1602, la sainte d’Avila lui demande expressément d’introduire son Ordre en France. Barbe en est étonnée et troublée. Elle en parle à Madame de Longueville et à Madame d’Estouteville, qui approuvent, à sa grande surprise, ce projet de fondation. Avec l’accord de ses conseillers spirituels et l’aide de tous ses amis, en particulier François de Sales, Madame de Longueville et Monsieur de Bérulle, Madame Acarie met tout en œuvre pour réaliser la fondation d’un carmel réformé à Paris.

On demande les constitutions et on va quérir en Espagne des filles de sainte Thérèse, capables de transmettre son esprit aux Françaises ; à défaut de Carmes déchaux, des supérieurs sont choisis parmi les intimes de Madame Acarie : Duval, Gallemant et Bérulle. Le Saint-Siège ayant approuvé le projet, on se met à aménager le futur monastère. Depuis quelque temps déjà, Madame Acarie formait, chez-elle, des jeunes filles à la vie religieuse. Seules manquaient les moniales espagnoles. Il faut toute la diplomatie de Bérulle et un bref du Saint-Siège pour les obtenir du Provincial récalcitrant. Parmi elles se trouvent Anne de Jésus, fille très aimée de la Mère Thérèse, et Anne de Saint-Barthélemy, la compagne inséparable de ses dernièresannées. Le 18 octobre 1604, c’est chose faite, le premier carmel thérésien français est fondé à Paris.

Tout en continuant son soutien aux Carmélites, Madame Acarie aide Madame de Sainte-Beuve à la fondation des Ursulines, en France, destinées à l’éducation des jeunes filles. Elle contribue aussi à la fondation de l’Oratoire en décidant Monsieur de Bérulle à tenter l’entreprise et c’est d’après ses avis qu’il établit sa congrégation.

Le 17 novembre 1613, Pierre Acarie meurt, soigné jusqu’au dernier moment par sa femme avec le plus complet dévouement. Barbe Acarie est maintenant libre. Ses enfants ont trouvé leur propre chemin : Nicolas, son aîné, étudie le droit et se marie à l’âge de 22 ans. Pierre, le second fils, entre chez les Jésuites qu’il quitte finalement pour entrer dans le clergé séculier de Rouen, tandis que le plus jeune, Jean, après un essai de vie religieuse se fait soldat en Allemagne et y trouve son épouse. Quant aux trois filles Marie, Marguerite et Geneviève elles entrent toutes les trois au Carmel! Le moment est arrivé pour Barbe d’embrasser la vie monastique qu’elle a désirée depuis son enfance.

En février 1614, la célèbre Madame Acarie, si connue à Paris, à la Cour comme à la ville, va se cacher au carmel d’Amiens en y sollicitant son entrée comme sœur converse. Au Carmel, elle veut être la dernière de toutes et servir ses sœurs. Elle prend le nom de soeur Marie de l’Incarnation. A sa propre demande, elle travaille à la cuisine. Pendant cinq années, l’humble sœur converse continue à édifier par son humilité, son obéissance et l’ardeur de sa charité soutenue par son union à Dieu qui rayonne de toute part.  Les épreuves morales et physiques ne lui manquent pas. Le 7 décembre 1616, elle est transférée au carmel de Pontoise où là aussi elle veut être « la dernière et la plus pauvre de toutes ».

L’humilité est pour sœur Marie de l’Incarnation ce que Dame pauvreté est pour saint François d’Assisse. Son nom de carmélite la rattache au mystère de l’Incarnation du Verbe. Attachement à Jésus, Fils de Dieu incarné en homme vulnérable, attachement à la naissance de Jésus « tout petit », à son enfance cachée  et à sa Croix, à ses souffrances comme Sauveur de l’humanité.

Sœur Marie de l’Incarnation tombe malade le 7 février 1618 : symptômes d’apoplexie et de paralysie. Elle meurt au carmel de Pontoise dans de grandes souffrances, le 18 avril 1618, à l’âge de 52 ans, très aimée de ses enfants, de ses sœurs carmélites et de ses amis. Quand la nouvelle de sa mort se répand dans la ville, on n’entend qu’un cri : « La sainte est morte ! » Les miracles se multiplient à son tombeau. Le 24 août 1792, Pie VI la proclame bienheureuse. Elle continue à être encore invoquée aujourd’hui tout spécialement lors des grossesses difficiles.

 

  Son message

La vie et le message de Barbe Avrillot, devenue Madame Acarie puis sœur Marie de l’Incarnation, sont loin d’être banals. Femme dans le monde, mariée, mère de 6 enfants, introductrice du Carmel réformé en France, veuve appelée par Dieu à devenir sœur converse au Carmel et aujourd’hui « bienheureuse », elle laisse derrière elle une trace vivante et lumineuse qu’elle a voulu pourtant humble et silencieuse. Elle nous dit par ses trente-deux années de mariage que la vie mystique la plus élevée n’est incompatible avec aucune obligation de la vie familiale et sociale. Et par ses cinq années de vie au Carmel, que Dieu nous conduit par les voies les meilleures là où Il nous attend !
 

  En bref

Barbe Avrillot, surnommée dans sa jeunesse « la belle Acarie », était l'épouse de Pierre Acarie, un notable français, membre du parti Ligueur. En 1601, elle se fit lire les oeuvres de sainte Thérèse puis, avec le concours de plusieurs ecclésiastiques, elle introduisit en France les Carmélites déchaussées. Elle accueillit à Paris six carmélites espagnoles, dont Anne de Jésus et Anne de Saint-Barthélemy. Madame Acarie coopéra aussi à la fondation des Carmels de Pontoise, Dijon, Amiens, tout en restant fidèle à ses devoirs d'épouse et de mère. Veuve en 1613, elle rejoignit les carmélites d'Amiens et prit le nom de Marie de l'Incarnation. Sœur de voile blanc, elle refusa d'être nommée prieure en 1616 et endura l'incompréhension de sa supérieure. Transférée à Pontoise l'année suivante, elle y mourut peu de temps après. Elle est considérée comme la fondatrice du Carmel réformé de France. Béatifiée en 1791.

Fête liturgique : le 18 avril.

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