Sainte Élisabeth de la Trinité — Qui es-tu ?

1880 – 1906

 

« Ô mon Dieu, Trinité que j’adore,
aidez-moi à m’oublier entièrement pour m’établir en vous,
immobile et paisible, comme si déjà mon âme était dans l’éternité…
Ô mes Trois, mon Tout, ma Béatitude,
Solitude infinie, Immensité où je me perds,
je me livre à vous comme une proie… ». 


Cette prière d’Élisabeth de la Trinité, connue dans le monde entier, est comme un résumé de sa vie profonde.

  Sa jeunesse

Son enfance

Élisabeth Catez naquit le 18 juillet 1880 au Camp d’Avor (près de Bourges) dans une famille très croyante. Son père, officier, mourut subitement quelques années plus tard et Madame Catez eut à s’occuper seule de l’éducation de ses deux filles. Élisabeth, l’aînée, « vive, ardente, passionnée… volontaire », dont le trait dominant était la sensibilité, apprit peu à peu à se vaincre par amour. « Elle était très vive, avec des colères, de vraies colères, très diable » raconte sa sœur Guite. Mais il y a une autre facette : un attrait pour tout ce qui est grand et beau, un cœur généreux, et déjà une ouverture à Jésus pour lequel elle veut vaincre, par amour, son « terrible caractère ». 

Ses dons artistiques furent tôt découverts et, à treize ans, elle remporte le premier prix de piano au Conservatoire de Dijon.

 

L’appel de Dieu

Un an plus tard, après une communion, Élisabeth perçoit l’appel du Seigneur au Carmel et y répond spontanément par le vœu de virginité perpétuelle. Mais Madame Catez veut éprouver sa vocation et lui impose d’attendre sa majorité. 

La jeune fille souffre en silence et prend part très simplement à la vie mondaine. Qui s’en douterait ? Sa mère est grande voyageuse, on a beaucoup d’amis, les filles sont souvent invitées : excursions, danse, tennis, piano, voilà Élisabeth « toujours en tête de la bande ». Tout la passionne : la mer, la montagne, l’amitié, mais aussi la paroisse, la visite des malades, le catéchisme et le patronage pour les enfants, et plus que tout, à travers tout, la prière. « Même au milieu du monde, écrit la jeune laïque, on peut écouter Dieu dans le silence d’un cœur qui ne veut être qu’à lui ». Mais en réalité elle dira : « Quand j’assiste à ces réunions, à ces fêtes, ma consolation est de me recueillir et de jouir de votre présence. » 

Se sentant « habitée », Élisabeth demande des explications au père Vallée, dominicain, qui lui révèle alors le mystère de l’inhabitation de la Trinité dans l’âme. Ce fut une lumière décisive dont elle vivra jusqu’à sa mort. Déjà, Élisabeth reçoit des grâces élevées et se reconnaît dans les descriptions que Thérèse de Jésus donne du ravissement.

 

  Au Carmel

L’entrée au Carmel

Le 2 août 1901, Élisabeth entre au Carmel de Dijon, où son extraordinaire recueillement frappe les moniales dès le premier soir. Elle s’adapte sans aucune difficulté : « … tout est délicieux au Carmel, on trouve le bon Dieu à la lessive comme à l’oraison. Il n’y a que lui partout. » Inondée de grâces les premiers mois, Élisabeth entre, après sa prise d’habit, dans l’obscurité et la sécheresse profondément acceptées. La lumière ne reviendra que le jour de sa profession.

 

Traits spirituels

Vers l’été 1905, un texte de l’épître aux Éphésiens s’illumine intensément pour la jeune moniale : « C’est en lui (le Christ) que nous avons été prédestinés pour être à la louange de sa gloire ceux qui d’avance ont espéré dans le Christ. » Elle y découvre l’orientation profonde de sa vocation personnelle, son « nom nouveau » : Louange de gloire, Laudem gloriae. « Une louange de gloire est une âme de silence, qui se tient comme une lyre sous la touche mystérieuse de l’Esprit Saint… qui fixe Dieu dans la foi et la simplicité. » Il semble que la vie spirituelle de sœur Élisabeth se soit très tôt unifiée dans sa seule passion : le Christ, la Trinité. « Chaque minute nous est donnée pour nous enraciner plus en Dieu… Pour réaliser ce plan, voici le secret : s’oublier, se quitter, ne pas tenir compte de soi, regarder au Maître, ne regarder qu’à lui. » Cela ne l’empêchera pas d’aimer les autres, tous les autres, de son « grand cœur débordant d’amour ».

 

La dernière année

Les premiers symptômes de la maladie d’Addison, incurable à l’époque, s’étant manifestés durant le carême 1906, Élisabeth est transférée à l’infirmerie. De plus en plus, elle va s’enfoncer en Dieu. « Avant de mourir, je rêve d’être transformée en Jésus crucifié et cela me donne tant de force dans la souffrance. » L’ardent souffle apostolique qui avait traversé toute sa vie ne fait que s’accroître : « Ô Amour… épuise toute ma substance pour ta gloire ; qu’elle se distille goutte à goutte pour ton Église ! ». « Je comprends que la douleur est la révélation de l’Amour. » 

À l’Ascension, elle entend, prononcés au plus profond d’elle-même, ces mots : « Si quelqu’un m’aime… mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure. » En même temps, les trois Personnes de la Sainte Trinité se révèlent à la malade en son centre le plus secret et cette présence ne s’effacera plus. 

Impitoyablement, la maladie poursuit son œuvre. Les derniers mots intelligibles de la mourante sont comme un chant : « Je vais à la lumière, à l’amour, à la vie… » Le 9 novembre, Élisabeth va se perdre définitivement au sein de la Trinité Bienheureuse.

 

  Son message

 

Prophète de Dieu pour notre temps

Son œuvre écrite comprend 342 lettres, un journal, 17 notes intimes, 122 poèmes et 4 traités spirituels. Dans ses écrits, Élisabeth nous livre un message simple et profond, très actuel. Pourquoi aller chercher si loin une expérience du divin, quand le Dieu tout Amour est présent au plus profond de nos cœurs ? On ne l’atteint pas par des techniques de concentration. Élisabeth nous livre son secret, beaucoup plus simple : « nous oublier », cesser de discuter avec le « moi » égocentrique, pour regarder vers Celui qui nous cherche et nous introduit dans la vie intime des Trois. Le quotidien, avec ses joies et ses peines, en est illuminé. La souffrance et la mort elles-mêmes se changent en chemin de Vie. 

Élisabeth a promis de nous aider : « Au Ciel, ma mission sera d’attirer les âmes en les aidant à sortir d’elles pour adhérer à Dieu par un mouvement tout simple et tout amoureux, et de les garder en ce grand silence du dedans qui permet à Dieu de s’imprimer en elles et de les transformer en lui-même. » 

Ses Lettres débordent de la certitude de cet amour offert à tous et qui n’attend que notre foi éveillée et engagée. Elle partage à ses amis, laïcs pour la plupart, la merveilleuse découverte : tous appelés, tous aimés, tous enfants de Dieu par le Baptême, tous invités à la table de l’Eucharistie, tous peuvent se livrer à l’Amour... 

Élisabeth tourne sans cesse nos cœurs vers le Dieu Vivant : Père, Fils et Esprit, Mystère ouvert aux petites créatures que nous sommes. « La Trinité, voilà notre demeure, écrit-elle, notre “chez nous”, la maison paternelle d’où nous ne devons jamais sortir ». En novembre 1904, elle compose sa célèbre prière : « Ô mon Dieu, Trinité que j’adore », où elle s’offre totalement au Feu consumant de l’Esprit d’amour : « Je me livre à vous comme une proie ». Tout son désir est d’être identifiée à Jésus, d’être pour lui une « humanité de surcroît, en laquelle il renouvelle tout son Mystère ».

 

Le sceau de l’Église

Le 25 novembre 1984 Jean Paul Il proclamait Bienheureuse cette jeune carmélite de France. Il la présentait comme « une nouvelle lumière qui brille pour nous, un nouveau guide sûr et certain. » « Voici une jeune chrétienne au cœur extrêmement ardent, qui peut parler aux jeunes et à tous les chercheurs d’absolu ». Son secret ? « Je vous le confie, c’est cette intimité avec Dieu au-dedans, qui a été le beau soleil irradiant ma vie ». 

Fête liturgique : le 8 novembre.

Saint du jour

Pas de saint du carmel ce jour

Éphémérides
Voyage pour la Fondation du Carmel de Ségovie
1574-03-18
Parole du jour